Le club des polarophiles québécois

Fièvre mutante (de Douglas Preston et Lincoln Child)

MD (juillet 2011)

Note: voir aussi l'entrée 5-étoiles de Jacques sur ces auteurs.


En un coup d'oeil


À mon avis

Preston & Child m'ont déjà donné beaucoup de plaisir, mais ils ont eu l'air de se lasser (de leur collaboration, des pressions de leur auditeur, de l'écriture inventive???) et, maintenant, ils sont devenus fatigants. Dans les premiers romans qui le mettaient en scène, Pendergast pouvait fasciner, maintenant il agace. Sauf si on prend tout au second degré, qu'on regarde Pendergast comme une sorte de Tintin et le roman comme une bande dessinée. Bref, les couleuvres à avaler sont devenues des boas constrictors, et vaut mieux tourner les pages rapidement sans trop se poser de question : le temps passe!

Fièvre mutante se veut un peu exotique (des safaris au Zambie, il y a douze ans, aux bayous de la Louisiane aujourd'hui), et j'ai toujours apprécié cette qualité des auteurs à doter les grands espaces d'atmosphères singulières (l'océan dans Ice Limit, le désert ailleurs…). Peut-être parce que j'ai regardé le film de Tavernier Dans la brume électrique en même temps que je lisais le roman de Preston & Child, j'ai été impressionné par les paysages marécageux, inquiétants, d'une mystérieuse beauté, pourtant, des bayous louisianais où sont plongés Pendergast et Hayward, l'amie du lieutenant d'Agosta qu'on revoit avec plaisir. Il ne suffit pas, toutefois, de nous trimballer de l'Afrique aux Etats-Unis, du sud de la Louisiane à New York, du XIXe siècle à aujourd'hui, en passant par il y a douze ans au début du mariage de Pendergast (eh oui!), pour que l'effet d'action qu'on espère produire réussisse. C'est long, la traduction est souvent discutable (genre : je suis infoutu de me souvenir, p. 88), l'enquête piétine ou avance par hasard; comme l'observe Hayward : Un enquête à la Pendergast : construite sur des intuitions, bourrée de contradictions, sur fond de méthodes policières douteuses. Belle excuse, en un sens, pour faire passer les incohérences.

Quant à rajouter les aventures bizarroïdes de Constance, la pupille de Pendergast, ça équivaut à ne plus savoir comment allonger la sauce. Une sauce qui, pourtant, n'est même pas terminée à la fin du bouquin : qu'arrivera-t-il à Constance? Comment se porte D'Agosta? Pendergast sera-t-il victime de celui qui a machiné tout ce complot? Et bien, cher lecteur, vous devrez acheter le prochain livre parce que, une fois de plus, nos auteurs n'ont pas eu le temps de faire bref.

Dans le rayon littérature pour adolescents (où l'imagination débridée est peut-être plus importante que la rigueur), j'aurais tendance à mettre 3/5. Pour les habitués qui, jusqu'à il y a deux ou trois ans, vibraient à la lecture des romans de Preston & Child, je n'hésiterais pas à retirer un demi-point.

Ma note: 2,5 / 5