Le club des polarophiles québécois

Havre des morts (de Patricia Cornwell)

MD (août 2011)


En un coup d'oeil


À mon avis

Des gens qui me veulent du bien m'avaient recommandé ce roman de Cornwell. J'avais rompu avec elle il y a quelques années, en 2003, (voir la chronique En Vrac), et j'ai essayé de reprendre en 2007 : en vain! Comme on m'a beaucoup vanté ce roman-ci et que je suis un bon gars, souvent prêt à donner une chance à l'auteur(e), je me suis donc lancé dans ce Havre des morts … où je suis mort d'ennui.

J'avais déjà remarqué le peu de talent de Cornwell pour mettre en scène des dialogues. Faut croire que le message est passé : deux ou trois pages avec sa nièce Lucy et avec Marino (les deux personnages de loin les plus intéressants), un dialogue récurrent avec Benton, du genre : _ Tu me caches quelque chose. _Non, je te dis tout. _C'est moi qui ne peux pas tout te dire. _ Moi non plus. _Heureusement que nous sommes transparents. Jusqu'au fatal : Même lorsque nous faisons l'amour, nous gardons nos secrets, et rien n'est normal! p. 138. Et presque tout le reste est un monologue intérieur autoculpabilisateur et prétentieux. Il n'est sans doute pas indispensable que le personnage principal d'un roman ou d'une série de romans soit sympathique, mais c'est assez rare d'avoir affaire à quelqu'un d'aussi antipathique, menteur, injuste, dénué de jugement, vaniteux, incohérent, paranoïaque (Plus Benton m'assure de sa confiance, et moins j'ai tendance à le croire p. 238)

Si, au moins, tout ne tournait pas autour d'elle : pour aller de sa douche à l'hélico de Lucy, ça prend 60 pages! On apprend que, pour prendre sa douche, elle commence par inonder son visage d'eau chaude, puis d'eau tiède, qu'elle se lave le dos de la main gauche avant la paume de la main droite…

Mauvaise composition également : les mini-intrigues sont dépourvues d'intérêt et ne se recoupent pas vraiment, elles s'additionnent et sont résolues par un deus ex machina qui survient 20 pages avant la fin. En fait, 90% de l'action a lieu dans le laboratoire ou le bureau de Scarpetta (il neige beaucoup à l'extérieur) où on répète les mêmes questions, formule les mêmes hypothèses, soulève les mêmes doutes. Quant au lecteur, il subit les dernières bribes d'information des gadgets techno-militaires qu'on peut trouver sur le net : par exemple, p. 267 : Voilà une technologie très intéressante qui combine la micro-extraction en phase solide et chromatographie en phase gazeuse avec un détecteur thermo-ionique. On est tendance même en gastronomie : Kay sert au lévrier qu'elle a rescapé de la mousse de quinoa!

Heureusement, la teneur philosophique de ses réflexions nous impressionne : Toute chose a une raison. Vérité irréfutable qui pourtant se dérobe quand je me débats au milieu d'un problème! p. 277.

L'univers de Scarpetta/Cornwell continuera de fasciner des milliers de lecteurs : après tout, Top Modèle (Bold and the Beautiful), dont elle semble sortie en droite ligne, dure depuis vingt-cinq ans!

Ma note: 2,5 / 5