Le club des polarophiles québécois

L'épouvantail (de Michael Connelly)

JH (juillet 2009, révisé mai 2010)

Note: si ce n'est déjà fait, lire notre entrée 5 étoiles sur Michael Connelly.


En un coup d'oeil

  • Date de publication originale: 2009
  • Date de l'édition française: 2010 (Seuil,
  • Genre: procédure policière
  • Mots-clés: journalisme d'enquête, serial killer, cybersurveillance.
  • Personnages principaux: Jack McEvoy, journaliste au Los Angeles Times; Rachel Walling, agent du FBI.
  • Résumé et critique: ici et .

À mon avis

20e roman de cet auteur, L'épouvantail n'est pas un Harry Bosch; on ressuscite plutôt, treize ans plus tard, Jack McEvoy, le héros du Poète, que Connelly semblait avoir abandonné après ce premier roman fulgurant. On y retrouve également Rachel Walling, l'ex-flamme de Jack, qui avait déjà refait surface dans Los Angeles River et Echo Park, notamment, et avait noué une brève liaison avec Harry Bosch.

Jack, qui fut longtemps le journaliste vedette du LA Times, est plus ou moins sur une tablette et vient de recevoir son avis de licenciement: il est trop vieux, il coûte trop cher et la situation financière des journaux, à l'heure de la gratuité sur Internet, est difficile. Il décide de profiter de son préavis de deux semaines pour faire un baroud d'honneur et écrire la Fuck you story, l'article sensationnel qui fera regretter à ses boss de l'avoir largué. Il rouvre une enquête récente qui semblait bien bouclée par la police. Mais cela alerte le vrai serial killer qui, ne prenant aucune chance, liquide la collègue de Jack et part à ses trousses. Jack se résout donc à appeler à l'aide, à titre d'agent du FBI, son ex Rachel, et c'est reparti tous azimuts.

On ne fait pas mystère de l'identité du criminel, qui est connue dès le début: chargé de la sécurité dans une grosse boîte informatique (d'où son surnom d'épouvantail, qui donne son titre au roman), il a toutes les ressources nécessaires pour voir venir la traque et la contrer, aussi bien par des attaques informatiques que par des assauts physiques sur Jack et Rachel, multipliant les fausses pistes pour échapper aux recherches. Tout le roman est en narrations croisées, l'enquête de Jack et de Rachel étant ponctuée, comme dans une partie d'échecs, par les répliques et les stratégies du tueur. Pour compliquer encore les choses, Jack et Rachel se heurtent, chacun de leur côté, aux magouilles bureaucratiques de la direction du journal et du FBI respectivement, ce qui nous vaut une critique mordante des hiérarchies de même qu'un documentaire intéressant sur la vie d'un journaliste d'enquête dans une salle de rédaction d'un grand quotidien; rappelons-nous que Connelly a lui-même longtemps exercé ces fonctions au même LA Times et que Jack McEvoy fait donc figure d'alter ego.

La recette Connelly baigne dans l'huile. On peut reprocher au roman un démarrage un peu lent, de même que deux hasards un peu trop providentiels dans le déroulement de l'intrigue, mais bon, ne boudons pas notre plaisir. Connelly n'a pas perdu la main.

Ma note: 4/5