Louise Penny drapeau

Nature morte
Sous la glace

Nature morte

RP (décembre 2011)


En un coup d'oeil


À mon avis

Dans le petit village de Three Pines les gens vivent paisiblement jusqu’au jour où l’on découvre le cadavre de Jane Neal dans la forêt. Elle n’est pas décédée de mort naturelle, elle a été tuée. Accident où crime ? La petite communauté de Three Pines est en émoi car la vieille dame, institutrice à la retraite, était la gentillesse même et l’amie de tous. L’Inspecteur-Chef Armand Gamache de la Sûreté du Québec est envoyé avec son équipe sur place pour enquêter.

Le personnage principal, l’enquêteur Armand Gamache, est un homme brillant, cultivé, très observateur, il a un côté aristocrate. On ne doute jamais de sa capacité à trouver le coupable, lui non plus d’ailleurs. Je suppose que l’auteure a mis dans la conception de ce personnage sa vision de l’idéal masculin. Mais alors ce que je l’ai trouvé énervant, moi, ce mec ! Il est prétentieux, imbu de sa personne, avec un côté affable et cordial, mais à côté de cela autoritaire et surtout donneur de leçons. Quand il commence son dressage (mot qui convient mieux qu'éducation, vu la méthode) de la jeune femme nouvelle recrue, qui veut absolument s’imposer dans son métier parce qu’elle est issue d’un milieu social modeste, je le trouve horripilant. On se demande quel est l'intérêt d'avoir introduit ce personnage de débutante policière juste pour la faire sermonner à longueur de bouquin.

Un autre problème est l’adéquation des lieux et des personnages. Three Pines est un petit bled de la campagne québécoise, mais dans le bouquin, il ne semble peuplé que d'artistes, d'écrivains, de poètes, de quelques homosexuels. Pas un seul paysan, pas le moindre ouvrier, que des bobos ! On se croirait plutôt dans au quartier branché d’une capitale. Je n’imaginais pas que les villages paumés du Québec n'étaient peuplés que de bourgeois artistes. Je n'imaginais pas non plus retrouver dans un polar moderne cette ambiance feutrée, so british, qui existait chez les auteures anglaises des années 1930, avec tous ces gens qui passent leur temps à babiller en se goinfrant de nourriture et en buvant du thé.

Si l’identité du coupable n’est pas immédiatement prévisible en revanche l’endroit où chercher des indices l’est d’entrée de jeu. La façon dont l’histoire est présentée fait que l'on voit arriver le coup de loin, même sans être particulièrement perspicace.

C'est un premier livre qui a été bien accueilli et, si l'on en croit la quatrième de couverture, a obtenu de nombreux prix (Creasy Dagger, Arthur-Ellis Award, Anthony et Barry Awards). Tout n'est donc pas négatif. Les 30 dernières pages sont intéressantes mais avant d'en arriver là que de longueurs ! Dommage que tout le roman ne soit pas de ce niveau. Pour ma part je n'ai pas accroché car je préfère les polars plus tendus et des personnages moins lisses mais d'autres ont apprécié comme vous pouvez le constater sur le lien Action-Suspense et sur les sites k-libre et Decitre. A chacun ses goûts.

Ma note : 3,5 / 5


Nature morte
Sous la glace

Sous la glace

MD (janvier 2011)

En un coup d'oeil

À mon avis

Je sais bien que mon collègue Raymond avait émis beaucoup de réserves sur le premier roman de Penny, Nature morte, mais la campagne de publicité sur la femme et l'œuvre est si bien orchestrée que beaucoup de gens en ont redemandé, et j'avoue que, devant une auteure couronnée de tant de prix, ma curiosité avait été émoustillée. Mal m'en prit!

Ce n'est pas facile de dire du mal des romans de Louise Penny, parce que, un peu comme dans le cas de Chrystine Brouillet, la personne derrière le roman semble si sympathique, si sensible, si inoffensive. Dans son autoprésentation, elle se montre reconnaissante envers son mari qui lui a fait connaître l'amour alors qu'elle dépassait la trentaine; elle nous parle des animaux blessés qu'ils adoptent et qu'ils soignent; de la jolie maison de briques qu'ils possèdent dans un village de la Montérégie ou des Cantons de l'Est. De son amour du Québec et de Montréal. Bref, une bien bonne personne à qui personne ne voudrait faire de peine, comme dans les années 60 ces jeunes filles de la JEC (Jeunesse étudiante catholique) aux vertes espérances.

Et pourtant, ça faisait longtemps qu'un roman m'avait autant fatigué. J'ai failli l'abandonner une dizaine de fois. Même des gens qui l'ont aimé ont admis que les 100 premières pages sont franchement plates. Rempli de personnages antipathiques ou insignifiants, le plus souvent mal définis. Un village québécois improbable, qu'il s'agisse des Canadiens comme Gamache qui ne veulent, pour rien au monde, manquer une finale de curling, au repas traditionnel du Jour d l'An : des huîtres sur des tranches de pumpernickel. Il est possible que quelques personnes mangent ça, mais je n'ai jamais vu ça en 67 ans ni à Montréal ni à la campagne. Et puis, ça fait au moins 40 ans qu'on ne boit plus de Dubonnet! Est-il possible que, dans quelque village isolé entre Cowansville et la frontière américaine d'irréductibles Anglaises vivent encore comme on vivait après la guerre? L'écrivain ontarien Eric Wright me semble avoir saisi plus justement la mentalité québécoise. Pourtant, au niveau de la langue, Louise Penny fournit, sur son site, pour les lecteur anglais aux prises avec certaines expressions franco-québécoises, un pronunciation guide fort utile et très bien fait, qui suppose une fréquentation assidue du milieu québécois.

L'énigme est un peu tordue et sa solution possible comme vingt autres. Malgré l'application qu'elle y met, son intérêt est ailleurs : retrouver ce monde imaginaire de vieilles madames tolérantes et ces petites maisons dans la prairie. Elle voudrait bien aussi qu'on trouve sympathique cet inspecteur Gamache sentencieux et qui se croit profond. Les fausses pistes sont artificielles ou inachevées, comme la présentation du livre qui nous laisse entendre qu'une grave menace pèse sur Gamache (à quel jeu joue son patron? Et l'agente Nichol? Et Lemieux? A suivre dans le prochain numéro! Plusieurs autres pistes finissent aussi en queue de poisson.

Comment alors expliquer cette réputation? D'abord, le prix Arthur Ellis (fort respectable) a été accordé pour le meilleur premier roman. J'ai essayé en vain de savoir quels étaient les concurrents. Et puis, les 4 prix Agatha sont accordés lors d'une Convention annuelle de la Malice Domestic Ltd, organisation américaine liée au milieu de l'édition. On exige des romans classiques à la Agatha Christie, sans sexe et sans violence explicite. En fait, ça me rappelle tout cet univers du cozy mystery sur lequel j'ai écrit un mémo; particulièrement, la Miss Silver de Patricia Wentworth et les histoires de chats de Lilian Jackson Braun. Même si je croyais la forme plutôt dépassée (et assez racoleuse la tendance à y récupérer Agatha Christie. qui se distinguait surtout par son intelligence et sa rigueur), je dois admettre que ce genre de polars semble satisfaire encore un certain public, pour qui ce qui compte d'abord c'est un gentil divertissement anodin et sans conséquence. C'est toujours mieux que de regarder des niaiseries américaines à la télé.

Ma note: 3/5

Nature morte
Sous la glace