Nos 5 étoiles

Richard North Patterson

JH (nov 08)

Note: voir le compte rendu détaillé de Raymond (2011) sur Degré de culpabilité.


En un coup d'oeil

  • Naissance: 1947
  • Nationalité: américaine
  • Autre(s) métier(s): avocat
  • Premier roman publié: La loi de Lasko (1979)
  • Personnages vedettes: Christopher Paget, avocat / Caroline Masters, avocate puis juge / Kerry Kilcannon, président des États-Unis
  • Lieux de prédilection pour ses intrigues: San Francisco, puis Washington
  • Genre(s) de prédilection: thriller juridique / thriller politique
  • Meilleur(s) roman(s), selon nous: Degré de culpabilité; Jugement sans appel; Pour les yeux d'un enfant; Un témoin silencieux, La dame de l'ombre.
  • Ordre de lecture à respecter, s'il y a lieu: Sur le plan policier, aucune importance; mais pour l'évolution des personnages principaux, celui ci-dessus.
  • Prix: Grand prix de littérature policière en 1995 pour Degré de culpabilité.
  • Romans plus faibles à éviter, s'il y a lieu: ses romans de jeunesse: La loi de Lasko; Équation à une inconnue; Projection privée.

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À mon avis

Avocat de carrière, militant du parti démocrate, grand défenseur des causes sociales, fin psychologue, Richard North Patterson (à ne pas confondre avec James Patterson, un autre auteur de polars) est pour moi le maître absolu du thriller juridique.

En fait, si l'on exclut ses trois romans de jeunesse (qui ne valent pas la lecture), il y a deux périodes dans l'oeuvre de Patterson.. La première (et la meilleure à mon goût), de 1993 à 2000, est celle de l'authentique polar juridique, où il a produit les cinq romans recommandés ci-dessus.

À partir de L'affaire Tierney (2000) son héroïne Caroline Masters est pressentie par le président des États-Unis, Kerry Kilcannon, pour une nomination à la Cour suprême. Et Patterson quitte alors le domaine propre du polar pour s'orienter vers la saga politique, qui est devenue depuis lors son genre de prédilection. Animé de fortes préoccupations sociales de gauche, il a sans doute trouvé plus facile de les développer dans des romans situés dans le Saint des saints du gouvernement américain plutôt que dans des cours de justice locales. Cela n'enlève rien à son remarquable talent de romancier; mais les authentiques polarophiles trouveront, avec raison, qu'on est rendu ailleurs. D'ailleurs, la plupart de ces romans de la saga Kilcannon (un personnage très fort et idéaliste, visiblement inspiré par John F. Kennedy), orientés vers le fonctionnement du gouvernement américain et des enjeux typiquement U.S. (avortement, armes à feu, religion) n'ont pas été traduits en français. Nous ne parlerons ici que de ses romans proprement judiciaires.

Si vous aimez les scènes de contre-interrogatoire, celles de Patterson sont des modèles du genre. Mise en contradiction des témoins, petits détails en apparence anodins servant de levier pour faire basculer un témoignage-clé, mise en condition des jurés, persévérance et intelligence de ses protagonistes, tout y est.

Sens du rythme, narration nerveuse, intrigue complexe, la technique romanesque est elle aussi parfaitement maîtrisée. Mais l'originalité de Patterson tient à la crédibilité et à la complexité de ses personnages. Contrairement à beaucoup de romans du genre où les personnages sont souvent des mécaniques interchangeables sur lesquelles on s'est contenté de passer un vernis de tics et de manies personnelles, les personnages de Patterson sont profondément humains. Leurs préoccupations et déchirements personnels, au lieu d'être réservés à des ilôts de vie privée déconnectés de l'intrigue, sont au contraire partie intégrante de l'histoire. Et les explications des comportements des personnages sont souvent à déterrer dans leur lointain passé, sans que ces allers et retours dans le temps ne soient plaqués ou dérangeants. Ajoutez à cela des préoccupations sociales de liberal (au sens américain du terme), et vous avez non seulement des romans judiciaires bien huilés et impeccablement construits, mais d'authentiques romans, où les aspects psychologiques et sociaux viennent enrichir l'intrigue au lieu de la ralentir.

Un auteur moins connu dans le monde francophone que l'inévitable Grisham, mais combien plus solide! À découvrir sans tarder.

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