Le club des polarophiles québécois

Mauvaise base (de Harlan Coben)

MD (septembre 2010)

Voir aussi l'entrée 5-étoiles de Jacques sur Harlan Coben.


En un coup d'oeil


À mon avis

La série des Myron Bolitar est beaucoup plus légère que les Coben ordinaires. Pour les plus vieux d'entre nous, ça peut faire penser à Exbrayat transplanté aux États-Unis. Dans le temps, on lisait ça entre deux polars corsés pour se reposer. Je crois que c'est la meilleure façon d'aborder les Bolitar. Pas assez réaliste, pour qu'on s'identifie aux personnages et qu'on soit vraiment troublé. Ce qui ne nous empêche pas d'être intrigué et de le lire avec un certain intérêt, parce que Coben a du talent même dans les petites choses. Il nous embrouille parfaitement et on sait bien que, au fond, il y a une logique derrière ces événements apparemment sans queue ni tête.

Mauvaise base est, en ce sens, un agréable passe-temps. Les indices qui semblent incriminer la pauvre et jolie Esperanza pourraient nous émouvoir, de même que les malheurs de l'hénaurme Cindy : mais non; c'est à prendre avec un grain de sel. Pas plus qu'on ne craint vraiment pour la vie de Myron à cause de la présence de Win, un vrai deus ex machina, pourtant un des principaux personnages les plus crédibles. Même Myron, ti-garçon à papa, est trop antihéros pour qu'on y croie, grand dada faussement naïf parce que trop de mauvaise foi.

Certains chapitres sont trop longs mais Corben se fait plaisir (au club Take a guess, par exemple, ou le chapitre où il ressasse ses souvenirs de baseball avec son père, même si ça éveillait un certain écho dans mon cas, donc j'imagine pour un américain encore davantage). Ça ralentit l'action, mais Coben s'en fout; il rigole, se berce de nostalgie, multiplie les jeux de mots faciles et les réflexions philosophiques éculées. Puis, il se moque aussi de lui-même, dans la mesure où une partie de lui est Myron, commentant ses propres pensées d'affligeantes, de banales, au mieux de bien ordinaires. On dirait souvent un pastiche de polars.

Pas grave, car ça coule bien et l'intrigue, éclatée en plusieurs petits problèmes, n'est pas négligée, nous accroche et peut même nous émouvoir. Un genre de comédie dramatique attachante, quand même plus comédie que dramatique, mais construite avec intelligence et humour. Une sorte de jeu interactif.

Sympa.

Ma note: 3,5 / 5