Carlos Salem


Aller simple Nager sans se mouiller

Aller simple

RP (Novembre 2010)

En un coup d'œil

Aller simple
  • Date de l'édition originale : 2007 - (Camino de ida)
  • Date de l'édition française : 2009 (Moisson Rouge) et 2010 (Babel noir)
  • Genre : Polar humoristique
  • Mots-clés : Maroc, Argentine, désert, Carlos Gardel.
  • Personnages principaux : Octavio fonctionnaire à Barcelone, Soldati aventurier argentin, Carlitos réincarnation de Carlos Gardel.
  • Résumé et critique : Sur black-novel
  • Prix : Memorial Silverio Cañada au festival de littérature noire la Semana Negra organisé par Paco Ignacio Taibo II

À mon avis

Octavio, obscur fonctionnaire d’un village près de Barcelone, était chargé de compter les naissances et les morts. Il devient un autre homme quand sa femme, une harpie qui le dominait, décède dans un hôtel de Marrakech au Maroc. Dans un premier temps il décide de souffler un peu, il pousse la défunte sous le lit, en attendant de s’occuper d’elle plus tard et il va faire un tour. Il rencontre un argentin enthousiaste et flamboyant, Soldati, qui vendait des glaces dans le désert et qui a inventé un procédé pour rembobiner la mémoire. Ensemble ils vont vivre des aventures mouvementées au cours desquelles ils vont faire la connaissance de Carlitos qui n’est autre que Carlos Gardel, le célèbre chanteur de tango. Mais celui-ci est sensé être mort 70 ans plus tôt et il est obnubilé par l’idée de tuer Julio Iglesias qui a osé interpréter ses tangos. Entre temps Octavio a mis le feu à l’hôtel où il logeait et le cadavre de sa défunte épouse a disparu, tandis que lui-même est vraiment devenu un autre homme : alors qu'il n’arrivait pas a arracher un soupir d’aise à sa femme, il est devenu un étalon faisant mourir de plaisir ses conquêtes. Mais il y a toujours ce nuage qui le suit au dessus de sa tête. Le trio improbable formé d’Octavio, Soldati et Carlitos fuit dans le désert car il est poursuivi par Acévez, diplomate bolivien louche, à qui Soldati a piqué son agenda électronique. Ils rencontrent des personnages aussi étranges et dingues qu’eux dont un cinéaste qui tourne un film sans pellicule et un écrivain célèbre qui n’a écrit aucun livre.

Si vous cherchez une enquête bien ficelée ou un thriller sanglant, ce livre n’est pas recommandé. Par contre si vous appréciez le style loufoque, déjanté et décalé, ou si vous voulez vous changer les idées en lisant quelque chose de différent de vos lectures habituelles, je vous le conseille. Ce n’est pas sérieux du tout et ne vous attachez pas à la vraisemblance, il n’y en a aucune, mais c’est complètement délirant et franchement hilarant. Les personnages sont farfelus et dingues mais très attachants, même dans leurs délires, y compris les personnages secondaires. Alors si vous avez envie de frissonner, ce n’est pas le bon choix par contre pour une bonne rigolade, c’est tout indiqué. Dans le genre polar humoristique, c’est un bon bouquin. Vous êtes avertis, ne vous trompez pas de catégorie.


Concernant cette édition (Babel noir) on peut regretter que le texte espagnol ne soit pas traduit dans son intégralité, notamment les chansons de Carlos Gardel qui introduisent les différentes parties. Dommage aussi que des fautes d’orthographe traînent ici et là.


Carlos Salem, est né à Buenos Aires en 1959, journaliste et écrivain, il réside depuis 1988 à Madrid où il écrit entre deux soirées poésies dans son bar, le Bukowski.

Ma note : Note 4 / 5


Aller simple
Nager sans se mouiller 

Nager sans se mouiller

RP (Décembre 2011)


En un coup d'œil

nager
  • Date de publication originale : 2008 (Matar y guardar la ropa).
  • Date de l'édition française : 2010 (Actes Sud) - 2011 (Babel noir)
  • Genres : polar humoristique / thriller
  • Mots-clés : nudistes, tueur à gages, Numéro Trois
  • Personnage principal : Juanito Pérez Pérez visiteur médical et tueur à gages
  • Résumé et critique : sur Polar noir

À mon avis

Juanito Pérez Pérez a deux vie. Dans l’une c’est un employé timide et effacé dans une multinationale qui vend des produits paramédicaux. Dans l’autre c’est Numéro Trois, un redoutable tueur à gages, dans une organisation secrète. Pour une fois il va pouvoir passer les vacances avec ses deux enfants car son ex-femme a prévu un mois de vacances et d’amour avec son nouveau compagnon, lui laissant la charge des enfants. Mais voilà l’organisation secrète a ses exigences, elle lui demande de surveiller une cible pendant cette période. Finalement on trouvera un compromis : Juanito pourra être en vacances avec ses enfants à condition d’aller dans un certain camping où se trouvera la cible qu’il pourra ainsi identifier et guetter. Le camping en question est un camp de nudistes dans lequel il va retrouver son ex et son amant, un juge sans peur et sans reproche qu’il admire pour son courage et sa détermination. Autre retrouvaille son copain d’enfance qui lui voue une amitié indéfectible malgré un œil et une jambe en moins, séquelles de tirs malheureux de Juanito voulant défendre son ami. Dans ce camp, Juanito va tomber amoureux d’une belle animatrice après avoir passé avec elle une nuit torride. Du coup ça ne lui dit plus rien de tuer froidement des inconnus. Il veut arrêter tout et avoir une vie normale avec sa belle et ses enfants. Mais une menace plane, dans le camp il a repéré Numéro Treize, un autre membre de l’organisation, qui tue par profession mais aussi par plaisir. C’est l’angoisse car on ne lui a pas encore communiqué l’identité de la future victime : le juge, son ami d’enfance ou  peut être même lui-même ? Il se sent vulnérable avec ses enfants et son nouvel amour, d’autant plus que, comme les autres pensionnaires, il est nu comme un ver la plupart du temps. Les choses vont encore se compliquer quand on trouve un cadavre dans le camp de nudiste et que rapplique un inspecteur de police redouté, encore une ancienne connaissance de Juanito ! L’enchaînement des évènements va obliger notre héros à se remettre en question. La nudité ne sera pas que physique, elle sera aussi psychologique. Il lui faudra choisir de redevenir ce qu’il est réellement et abandonner les rôles qu’il jouait jusqu’à présent.

Dans ce polar Carlos Salem réussit le tour de force de faire cohabiter une histoire humoristique et un comique de situation dans une première partie, avec un thriller angoissant et tendu dans une deuxième partie. Contrairement à son premier livre Aller simple, qui était tout entier traité dans un style déjanté et décalé, ici ce n’est le cas que dans la première partie. Ensuite l’histoire tourne au thriller. Le comique disparaît pour laisser place au stress, au soupçon, à la menace. Les péripéties et les retournements de situation se succèdent à un rythme rapide. L’ensemble donne un excellent polar original qui confirme que Carlos Salem outre sa fantaisie sait aussi montrer beaucoup d’humanité, même quand son personnage principal est un tueur à gages. Et en plus c’est bien écrit.

Ma note : 4,5 / 5