Le club des polarophiles québécois

L'instinct du tueur (de Joseph Finder)

JH (30 novembre 2008)


En un coup d'oeil

  • Date de publication originale: 2006 (Killer Instinct)
  • Date de l'édition française: 2007
  • Genre(s): thriller d'entreprise (business thriller), polar documentaire.
  • Mots-clés: carrière, compétition, pouvoir, piège infernal.
  • Prix: Meilleur roman 2007 de l'International Thriller Writers Association.
  • Personnages principaux: Jason Steadman, cadre commercial; Kurt Semko, ancien militaire des Forces spéciales.

À mon avis

En refermant ce roman, je savais que c'était un Coup de coeur. Mais il m'a suffisamment enthousiasmé pour que je lise d'une traite Company Man, Paranoïa et Power Play et que, du coup, Joseph Finder se gagne une place au sein de mes Valeurs sûres. Allez-y voir pour un traitement de l'auteur dans l'ensemble de son oeuvre, ce qui m'évitera de me répéter. Je vous attends ici.


La carrière de Jason Steadman, cadre commercial dans une entreprise de vente d'écrans au plasma, piétine. Il est super-compétent dans sa branche, mais il n'a pas l'instinct du tueur, essentiel pour la promotion que, sous les pressions de sa femme (qui a de l'ambition pour deux), il finit par convoiter. Un banal incident d'auto l'amène à croiser la route de Kurt Semko, ancien militaire sans emploi. Par sympathie, Jason lui trouve un emploi dans sa compagnie. Et, du jour au lendemain, tout se met à marcher sur des roulettes pour la carrière de Jason: ses concurrents se plantent, il décroche des contrats qu'il avait crus perdus, il prend des décisions éclairées et remporte la mise. Même son équipe de softball, dans sa ligue de garage de la compagnie, devient invincible! Évidemment, son copain Kurt y est pour quelque chose. Mais les choses ont un prix, hélas!

Contrairement à Company Man, où l'intrigue policière structure de bout en bout l'ensemble d'un roman par ailleurs très riche, L'instinct du tueur a bien failli se retrouver dans nos Polaroïdes, car ce n'est que dans le dernier quart du roman que le piège se referme vraiment et que l'on commence à parler véritablement de crime (et à partir de là, tenez-vous bien, ça déboule!). Les trois premiers quarts sont davantage consacrés à la description de la vie féroce des cadres dans une grande entreprise en cours de restructuration qu'à l'intrigue proprement criminelle.

Finder revisite ici le mythe faustien du pacte avec le diable. La mécanique se déploie, lente, prévisible et implacable comme une tragédie grecque. La seule question est de savoir comment l'arrêter, s'il en est encore temps.

Contrairement à Company Man, Finder choisit ici d'écrire à la première personne, ce qui lui permet un style plus nerveux, ironique à souhait, et purement délectable à la lecture. On se demande ce qui va se passer, bien sûr (et L'instinct du tueur tient ses promesses de thriller); mais surtout, on a plaisir à regarder évoluer ce monde des affaires décrit avec juste la dose appropriée d'humour décapant pour le rendre conforme à nos propres représentations.

L'instinct du tueur est servi par les qualités habituelles de romancier de Finder: connaissance documentée du milieu, souci du détail juste, personnages crédibles, dialogues naturels. Un moment de pur plaisir.

Ma note: 5/5 et Coup de Coeur


Lien externe: