Nos valeurs sûres

Joseph Finder

JH (nov 08). Mise à jour en juillet 2011.

NOTE: Nous ne parlons ici que de l'oeuvre polar de Finder (ses cinq derniers romans), en excluant ses romans d'espionnage de jeunesse.

Voir aussi mes comptes rendus détaillés de L'instinct du tueur , de La trahison aux deux visages et de Sans laisser de trace.


En un coup d'oeil

  • Naissance: 1958
  • Nationalité: américaine.
  • Autres occupations: journaliste d'enquête, conseiller financier.
  • Premier roman publié: The Moscow Club (Le club de Moscou) 1991.
  • Personnage vedette: aucun
  • Liste des romans traduits en français (voir note ci-dessus):
  • Genre(s) de prédilection: polar documentaire, thriller d'entreprise (business thriller)
  • Meilleur roman, selon moi: Company Man.
  • Ordre de lecture à respecter: aucun.
  • Prix: International Thriller Writers Award 2007 pour L'instinct du tueur.

Liens externes (en anglais):


À mon avis

Spécialiste de l'ex-URSS, Finder a commencé sa carrière de romancier par des romans d'espionnage international, qui ont connu un certain succès, avec, notamment, une adaptation au cinéma. Mais, en 2004, il amorce un virage vers sa niche actuelle: le business thriller sur laquelle il règne depuis sans partage, aidé en cela par sa propre carrière de conseiller financier. Paranoïa (2004) - qui traitait encore d'espionnage, mais industriel, cette fois, dans le monde de l'électronique - assure la transition et lui assure une renommée internationale. Il poursuit en 2005 avec l'excellent Company Man où il est question de délocalisation et de licenciements massifs. L'instinct du tueur (2006) est centré sur l'ambition carriériste et la compétition professionnelle. Power Play (2007), nous initie aux luttes de pouvoir dans les cercles de haute direction, mais dans un contexte bien spécial de kidnapping collectif où tout un conseil d'administration est victime d'une prise d'otages dans une auberge isolée. Sans laisser de trace (2009) se situe dans le monde de l'industrie privée du renseignement et de la sécurité et marque le début d'une trilogie mettant en vedette l'enquêteur privé Nick Heller.

Bien qu'il maîtrise parfaitement les ressorts du thriller (on ne s'ennuie pas une minute dans ses romans), Finder ne mise pas sur l'adrénaline et l'intrigue turbo. Dans L'instinct du tueur et dans Company Man, au contraire, on se demande comment fait ce diable de Finder pour maintenir un intérêt aussi soutenu alors que, sur le plan srictement polar, il y a peu de rebondissements inattendus et aucune fausse piste: aucune ambiguïté dès le départ sur l'identité du criminel. Si une question se pose, c'est simplement de savoir jusqu'où il ira et comment on pourra bien finir par l'arrêter - ou s'il va finir par s'en tirer.

Pourtant, la lecture est passionnante et ne comporte pas la moindre longueur. L'intérêt vient ici du contexte et des personnages. Il rappelle ainsi Douglas Kennedy. Finder a visiblement une connaissance approfondie du milieu des affaires (ses seuls remerciements à ses sources, dans chacun de ses romans, prennent quatre pages!) et le talent de faire vivre sous nos yeux ce monde darwinien de magouilles, de coups fourrés, de jalousies et de luttes de pouvoir. Les personnages sont criants de vérité et de naturel, les dialogues sonnent juste et les petites touches qui font vrai abondent. On reconnaît la touche du grand écrivain, notamment, à ce petit détail: même les personnages secondaires sont étoffés, crédibles et vivants.

Finder se réclame ouvertement d'Arthur Hailey, intégrant habilement des éléments documentaires dans son intrigue. Ainsi, avec L'instinct du tueur, vous saurez tout sur la fabrication et la vente d'écrans au plasma, tout comme Company Man vous disait tout sur la production d'équipement de bureau haut de gamme, Paranoïa, sur les industries de la Silicon Valley, Power Play, sur l'industrie aéronautique et Sans laisser de trace sur l'industrie privée du renseignement.

Bref, un auteur de premier plan. Encore un ou deux romans du même calibre et il sera mûr pour devenir un de mes 5 étoiles.

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