Le club des polarophiles québécois

Orages ordinaires (de William Boyd)

JH (mai 2010)


En un coup d'oeil

  • Date de publication originale: 2009 (Ordinary Thunderstorms)
  • Date de l'édition française: 2010 (Seuil, 476p)
  • Genre: suspense.
  • Mots-clés: cavale, sans-abris, industrie pharmaceutique.
  • Personnages principaux: Adam Kindred, climatologue.
  • Résumé et critique: ici , et encore .

À mon avis

Le Britannique William Boyd, que je ne connaissais pas avant de faire quelques recherches dans le cadre de cette lecture, est un auteur confirmé de plus d'une dizaine de romans traduits en français. Ce n'est pas un spécialiste du polar: plutôt, comme Douglas Kennedy, un romancier de littérature générale (fort doué). Ce dernier roman prend la forme d'un suspense classique, mais ce n'est pas dans les habitudes de l'auteur, qui a touché du roman d'espionnage, du roman historique et du roman psychologique.

L'analogie avec Kennedy n'est pas innocente, car l'intrigue raconte une descente aux enfers suivie d'une reconquête résiliente. Adam Kildred, qui vient déjà de perdre sa femme et son emploi, de trouve par hasard sur les lieux d'un meurtre. Pour son plus grand malheur, car il a bientôt à ses trousses la police (en tant que suspect principal) et le vrai meurtrier (en tant que témoin gênant). Seule façon pour lui d'échapper à cette double traque: se fondre dans le monde des sans-abri de Londres et préparer lentement son retour à la surface.

La force du roman tient dans la maîtrise du romancier, dans l'équilibre parfait qu'il parvient à maintenir entre la progression d'une intrigue, le portrait de personnages complexes et hors normes, la description d'univers sociaux aussi éloignés que l'itinérance et le jet set de l'industrie pharmaceutique (on pense alors à Joseph Finder). N'attendez pas de rebondissements spectaculaires et des virages intempestifs: tout baigne dans l'huile, chaque petit détail compte et se met en place au bon moment. Malgré un rythme assez lent, caractéristique du roman de suspense, l'intérêt ne se relâche pas car l'auteur a du talent pour nous présenter une galerie de personnages étonnante: Mhouse, la prostituée à la fois dure et attachante; Rita, la policière; Monseigneur Yemi, un fondateur d'église dont on ne sait trop s'il est un saint ou un businessman; Ingram, le PDG sur le retour; Jonjo, le mercenaire; et bien d'autres, typés sans caricature et, tous, sympathiques par un ou l'autre aspect.

La conclusion de l'histoire est logique et, bien que prévisible, satisfaisante. Mais l'intrigue, quoique très correcte, n'est pas le principal intérêt du roman. C'est le monde dans lequel l'auteur nous emmène et auquel on croit tout au long du livre car il possède le juste dosage d'humanité, d'ironie, de cruauté et de compassion pour le rendre crédible.

Ma note: 4,5 / 5