Le club des polarophiles québécois
RP (mars 2011)
A
vienne, on a trouvé un cadavre flottant dans une piscine située sur le toit
d’un immeuble. Mais le plus étrange c’est que ce cadavre est en partie dévoré
par ce qui semble être un requin alors qu’on n’a trouvé aucun poisson dans la
piscine mais seulement une petite prothèse auditive. L’inspecteur chef Richard
Lukastic est chargé de l’enquête. Ce policier est aussi bizarre que l’affaire
qui lui est confiée. C’est un vieux garçon qui vit chez ses parents et qui
respecte plein de rituels personnels (des manies de vieux garçon diraient
certains) comme, entre autres, ne jamais éteindre ses cigarettes, se lever du
lit qu’en posant simultanément les deux pieds par terre, cueillir les fruits de
la main gauche, ne pas empiler les photos, dîner tous les soirs de soupe
préparée minutieusement par son père … avant d’aller s’envoyer une grande
assiette de goulasch et une portion de choucroute dans un petit restaurant où
il a ses habitudes. En outre il voue une admiration sans borne au philosophe
Wittgenstein et plus spécialement à son œuvre le Tractatus logico-philosophicus
qui est sa bible. Son autre idole est le musicien Hauer et sa musique sérielle
pour piano. Ces deux hommes sont les phares qui guident notre policier dans la
vie. Malgré son extravagance, Lukastik est un policier efficace, notamment
quand il s’agit de résoudre des affaires tordues. Cette enquête ne fera que le
confirmer.
L’intrigue
est mystérieuse et attise la curiosité. Le scénario tient assez bien la route
et l’explication finale, bien qu’étrange, n’est pas complètement farfelue et on peut s'en satisfaire. Le
personnage de l’inspecteur Lukastik est typé avec ses bizarreries et sa
philosophie personnelle. Le style est lui aussi très personnel, travaillé,
riche dans l’expression et dans les images. Mais malgré ces qualités, je n’ai
pas vraiment accroché et je suis resté un peu étranger à l’histoire alors qu’en
général j’apprécie les récits ayant de l'humour ou un ton décalé,
voire déjanté (Voir mes articles sur Carlos Salem, Jonas Jonasson et David Liss). Pourquoi cette froideur ? Serais-je imperméable à l’humour
autrichien ? Je ne le crois pas. En fait les digressions interminables de
l’auteur, à la moindre occasion, toutes ces broderies, en marge de l’énigme,
m’ont fait perdre de l’intérêt pour l’histoire elle-même. L’exercice d’esprit de
l’auteur, quasi permanent, m’a fatigué et ôté en bonne partie le plaisir de la lecture.
C’est
original, bavard et lassant ! Il semblerait que d’autres aient su, mieux
que moi, apprécier ce bouquin souvent encensé par une certaine critique. Á
chacun ses goûts, à chacun son humour !
Ma note : 3,5 / 5