Funérailles | Déviances |
JH (24 novembre 2008)
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Richard Montanari est une étoile montante du thriller. Après les succès de Déviances et surtout de Psycho, il poursuit les enquêtes de Byrne et Balzano avec Funérailles. Un bon résumé critique de ce roman se trouve ici.
Après trois romans de ce qui s'annonce une série, Montanari a bien installé ses deux enquêteurs: Byrne, le vétéran cynique qui se demande s'il pourra encaisser encore longtemps les horreurs du métier; et Balzano, la jeune policière, mère d'une petite fille et boxeuse pendant ses loisirs, qui apprend à s'endurcir. Il installe aussi Philadelphie (Philly) comme un nouveau pôle du polar et, comme Los Angeles pour Connelly, la ville, avec ses deux rivières et ses nombreux quartiers, devient une toile de fond vivante.
La spécialité de Montanari, c'est le psychopathe possédé par une obsession et qui organise et ritualise ses meurtres en série autour du thème de son obsession: la religion (Déviances); le cinéma (Psycho); et, ici, les contes de fées. L'intrigue commence donc toujours par un cadavre soigneusement mis en scène et, pendant que la police s'efforce de trouver un fil conducteur, les meurtres se multiplient. On comprend assez tôt dans le roman que les meurtres sont des mises en scène de contes d'Andersen, mais quel sera le prochain? Andersen en a écrit plus de 200! Montanari reprend ici la formule de Psycho (meurtres rappelant des scènes de films célèbres).
Montanari est un bon conteur. Trois ou quatre intrigues secondaires viennent se greffer et s'entrecroiser sur l'intrigue principale, mais ce n'est pas fait gratuitement et toutes les ficelles sont correctement attachées à la fin. On se passerait des réflexions poético-délirantes du criminel, supposées nous faire mieux comprendre sa psychologie tordue, mais bon, ce ne sont que quelques pages à sauter dans une histoire qui tourne rondement. On fait dans le cadavre dégoulinant et dans la mutilation, histoire d'accroître l'horreur et la folie et cela sent un peu la recette.
Mais ne chipotons pas. Malgré ses petites faiblesses, ce roman est soigneusement construit, les personnages sont crédibles - même si quelque peu convenus - et l'intérêt ne se relâche pas. Un bon thriller classique. Et Montanari s'avère un romancier d'une belle constance. Si vous aimez n'importe lequel de ses trois romans publiés jusqu'ici, vous aurez le même plaisir avec les deux autres. Un quatrième de la série Byrne et Balzano (Badlands) vient de sortir en anglais. (Note de février 2010: il est maintenant en traduction française sour le titre de "7" - voir la critique ci-dessous)
Ma note: 4/5
Funérailles | Déviances |
JH (février 2010)
En un coup d'oeil
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À mon avis
On retrouve avec plaisir Byrne et Balzano, les deux enquêteurs fétiches de Montanari, déjà évoqués ci-dessus (Funérailles). On se glisse dans leur nouvelle aventure comme dans de vieilles pantoufles. Tous les ingrédients de la recette Montanari se retrouvent dans ce 5e roman: serial killer thématique, qui enchaîne ses meurtres comme une transposition macabre d'oeuvres littéraires ou de performances théâtrales, énigme à résoudre sur la base de cette thématique, montée du rythme à mesure que le scénario criminel approche de son apothéose (mais que le criminel accumule les petites gaffes qui vont permettre à la police de l'épingler); et Philly (Philadelphie, la ville de l'amour fraternel), plus que jamais présente dans le roman, au point que sa topographie même devient ici l'un des éléments clés de l'intrigue.
En écrivant un roman sur l'illusionnisme, Montanari n'atteint pas la maîtrise de Jeffery Deaver (qui a écrit à mon avis l'ouvrage définitif sur ce thème avec L'homme qui disparaît) et, sur le plan documentaire, il reste un peu à la surface des choses. Et l'intrigue est un peu lente à démarrer, le temps de nous faire pénétrer dans la folie du criminel, révélé d'ailleurs très tôt dans le roman, en narrations croisées avec les progrès de l'enquête. Mais une fois les paramètres de l'énigme bien installés, on retrouve le rythme du thriller et l'intérêt habituel des intrigues de Montanari.
Pas un roman parfait, tant s'en faut; pas même le meilleur de Montanari. En fait, j'ai hésité entre un 3,5 et un 4 pour ma note finale. Mais comme je ne voulais pas commencer à m'embarrasser d'un 3,75, disons que mon appréciation des précédents romans de Montanari et mon intérêt pour le monde de l'illusionnisme ont fait basculer ma note.
Ma note: 4/5
Funérailles | Déviances |
MD (Mai 2011)
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Ma note : 4/ 5