Le club des polarophiles québécois

Les curiosités du polar


Les droits Miranda

Vous avez le droit de garder le silence. Tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous. Vous avez le droit d'être représenté par un avocat, etc. L'obligation faite aux policiers américains de lire ses droits à un suspect au moment de son arrestation découle d'un jugement de 1966 de la cour suprême des États-Unis concernant un criminel nommé Ernesto Miranda, justement. Cette lecture rituelle fait maintenant partie non seulement de la pratique policière, mais du folklore du polar! Au point qu'on en a fait un verbe: to mirandize a perpetrator, c'est, tout simplement, lui lire ses droits quand on l'arrête. Tous les détails sur Wikipédia. (JH)


Les ambigrammes d'Anges et démons, de Dan Brown

Un ambigramme est un mot calligraphié ou typographié de façon à pouvoir être lu même si on l'inverse ou si on le fait pivoter. Ceux d'Anges et démons, qui ont contribué à rendre le concept célèbre, ont été réalisés avec un talent exceptionnel par le graphiste John Langdon. Le héros de Dan Brown, Robert Langdon, lui doit son nom de famille! (JH)


Les noms de personnages

Pour faire suite à la curiosité ci-dessus, en voici une autre du même genre: les auteurs de polars puisent parfois les noms de leurs personnages dans la vraie vie. L'exemple le plus ancien, à ma connaissance, est celui de Maurice Leblanc qui a donné à son héros célèbre le nom d'un conseiller municipal de Paris qu'il n'appréciait pas trop (et qui s'appelait, en fait, Arsène Lopin). Plus récemment, James Patterson, en blague, a donné le nom d'un de ses amis proches, Kyle Craig, au plus méchant de ses psychopathes. Mais d'autres auteurs ont systématisé, voire commercialisé le procédé (en le mettant, heureusement, au service d'une bonne cause). Ainsi, des romanciers comme James Grippando ou Lisa Gardner organisent régulièrement une vente aux enchères ou un tirage charitable, dont le prix consiste à pouvoir avoir son nom attribué à l'un des personnages de leur prochain roman. Après le placement de produits, le placement de patronymes! (JH)


Le jeu de go

Dans le très bon roman de Jean-Jacques Pelletier, Blunt, les treize derniers jours (1996), chaque chapitre commence par la reproduction d'une situation du jeu de go, assortie d'un commentaire de nature stratégique. Blunt lui-même s'adonne à ce jeu et applique dans ses interventions des stratégies analogues. (MD)


Le jeu d'échecs

Si vous êtes un mordu des échecs, un polar célèbre et complexe lui est entièrement consacré: Le tableau du maître flamand, d'Arturo Perez-Reverte, grand prix de littérature policière en 1993. On aime ou on n'aime pas (personnellement, je n'ai pas aimé: trop didactique et prétentieux), mais si vous êtes un échéphile en plus d'un polarophile, c'est un incontournable. Un autre classique du genre (et beaucoup plus ambitieux et mieux réussi, à mon avis) est Le huit, de Katherine Neville. (JH)


Les titres des romans

En plus de devoir écrire leurs romans, les auteurs ont la délicate tâche de leur trouver un titre (généralement négocié avec leur éditeur, sans doute). La romancière Sue Grafton a décidé de régler le problème une fois pour toutes, en cadrant les enquêtes de son héroïne Kinsey Millhone dans un abécédaire. Chacun des 20 romans publiés à ce jour dans cette série (qui est donc rendue à T dans l'édition américaine) commence par une lettre de l'alphabet (A comme Alibi, par exemple). Va-t-elle se rendre à Z et si oui, que va-t-elle faire ensuite? Mais ce qui est plus amusant, c'est de voir comment l'éditeur français a dû jongler avec les titres en traduction pour respecter cette logique. Évidemment, il ne faut pas s'attendre à une fidélité rigoureuse à l'original. Et il a baissé les bras devant la lettre K (K comme Killer). Voir ici la série des titres français ainsi que leur original en anglais.

De façon moins systématique, James Patterson a adopté une logique analogue (numérique) pour ses romans de la série Women's Murder Club. Il a aussi esquissé une tentative similaire, abandonnée après deux titres: Roses are Red et Violets are Blue. Et il semble ne plus vouloir se casser la tête pour les plus récentes enquêtes de son détective Alex Cross, jouant simplement sur son nom de famille: Double Cross, Cross Country, Cross Fire, etc. On devrait s'attendre à Holy Cross un jour. Et pourquoi pas Santa Cross à l'occasion de Noël??

Dans cette même veine, vous connaissez aussi la série des ... Prey (La Proie ..., en traduction), de John Sandford, qui a roulé pendant 18 romans.

N'oublions pas la trilogie de ... dans la peau, de Ludlum (jolie adaptation de The Bourne ...). Et les quatre trilogies de Kay Hooper pour ses romans de la Bishop Special Crimes Unit. (JH)


Improbable ... mais vrai!

Adam Fawer, auteur de l'excellent Improbable (voir le coup de coeur de Michel sur ce roman), en a écrit un deuxième, Empathy. Auteur américain, il écrit évidemment en anglais. Mais, croyez-le ou non, ce roman n'est pour l'instant disponible qu'en ... allemand, turc et japonais! Selon ce que nous explique Fawer, il n'a pas encore réussi à vendre l'original à son éditeur américain, mais il en a déjà vendu trois traductions; il faut le faire! Nous avons bien hâte que HarperCollins se déniaise et que, en attendant, l'éditeur français (Le Seuil) imite ses collègues turcs, allemands et japonais ... (JH)