Le club des polarophiles québécois

Le symbole perdu (de Dan Brown)

JH (septembre 2009)


En un coup d'oeil


À mon avis

6 ans après le succès planétaire de Da Vinci Code, puis, rétrospectivement, d'Anges et démons, Dan Brown accouche enfin du troisième tome des aventures de son héros fétiche Robert Langdon. Compte tenu des attentes énormes suscitées par ces deux succès, la barre était très haute. Et, comme c'est malheureusement souvent le cas avec les succès météoriques, le coup fumant ne se refait pas, hélas. Même si, contrairement à bien des critiques bien-pensants, j'ai été un fan de Brown auquel j'ai consacré sur ce site une entrée Coup de coeur, je dois dire que, sans être mauvais, Le symbole perdu ne percute pas aussi fort que les deux précédents.

Tous les ingrédients de la recette sont pourtant là: un méchant vraiment très méchant, hanté par une mission; des codes secrets astucieux que Langdon finit toujours par décrypter; une jolie et brillante scientifique qui accompagne Langdon dans son aventure; un regard neuf sur les monuments et sites de Washington (comme il l'avait fait pour le Paris du Da Vinci Code); une société secrète (les francs-maçons) à laquelle ont appartenu plusieurs des fondateurs de l'Amérique; des pièges, rebondissements et sauvetages miraculeux in extremis; et un substrat philosophico-historico-mystique pour lier le tout dans une sauce ésotérique forçant un nouveau regard sur l'histoire de l'humanité. Et Brown resserre encore le rythme: toute l'intrigue principale est concentrée dans une course-poursuite infernale de 12 heures (ralentie toutefois par de nombreux flashbacks et exposés didactiques).

Sur le plan de la technique romanesque, Brown a conservé son punch: chapitres courts, découpage nerveux, astuces souvent originales pour faire rebondir l'intrigue, péripéties à la limite du rocambolesque. On a beau ne pas être emballé comme à la lecture de Da Vinci Code, on ne s'ennuie pourtant pas une seconde, les chapitres s'enchaînant sur un rythme de TGV.

Alors quoi?

Je crois que le principal problème de ce roman, c'est de venir à la suite des deux précédents. Dans cette perspective, il sent le réchauffé, le remake où on s'est contenté de changer de lieu, d'époque et de société secrète. L'attrait de la nouveauté a disparu. Et le contenu ésotérique est beaucoup plus convenu, bien moins percutant que celui de Da Vinci Code. Ce dernier constituait une relecture historique originale (même si controversée et probablement fausse) de l'histoire de l'Église catholique. La controverse a d'ailleurs été un des principaux facteurs de son succès. Rien de tout cela dans Le symbole perdu. Le rôle de la franc-maçonnerie dans la naissance des États-Unis est loin d'être une nouveauté. Et il ne faut pas avoir fréquenté longtemps la littérature ésotérique pour que le message principal (l'homme est un dieu en devenir), présenté comme la révélation la plus importante et le secret le mieux gardé de l'histoire de l'humanité, fasse figure de pétard mouillé à l'eau de rose. Brown a-t-il manqué d'inspiration? Ou, comme c'est souvent le cas (la même chose s'est produite avec Raymond Khoury après le succès du Dernier templier) a-t-il raté la cible pour avoir voulu ratisser encore plus large et frapper encore plus fort?

Toujours est-il que, même si sa recherche est sans doute soignée (la ville de Washington, sur son site touristique, vient d'ouvrir une section de visite virtuelle des monuments mentionnés dans le roman), même si Brown a toujours un indéniable talent de conteur, la magie n'opère plus.

Une curiosité qui dit tout: un site satirique américain a concocté un "générateur automatique d'intrigues de Dan Brown" à partir de sa fameuse recette. Le résultat est hilarant.

Ma note: 3,5 / 5